On ne devrait pas exister de HPG

Publié le par helel ben sahar


Le premier métrage de HPG ressemble fortement à Scarlet Diva de Asia Argento. Derrière cette possible fiction, se cache en réalité une mise à nue, un autoportrait impudique autant qu’une autoréflexion personnelle et sur son métier. Ce premier essaie est donc à son image, excentrique, excessif, en quête désespéré d’une sagesse, d’une modération. Le jeune réalisateur parvient alors à délivrer une pièce aussi gênante que touchante, dans cette propension à délivrer une image que l’on devine juste, et qui parvient tient lieu et place d’une psychanalyse autour de sa personne et de ses relations.

Il faut avoir le cœur bien accroché pour suivre les excès divers et exténuants de HPG. Son film est toujours en roue libre, passant parfois du coq à l’âne, mais avec une certaine logique que l’on devine simplement a posteriori. Parfois, le réalisateur se laisse aller à trop de surenchère, à dépasser le cadre du raisonnable pour pencher vers des séquences tellement surréalistes qu’elles dénaturent le propos. Une telle séquence peut rapidement provoquer un rejet, qui, dans un contexte déjà pas évidant pour le maintiens de l’attention, est une chose dont il aurait pu aisément se passer. Surtout, que ces scènes tournent globalement à vide à l’inverse du reste du métrage.

On ne devrait pas exister est une magnifique réflexion sur le métier d’acteur, et plus spécialement sur la migration de l’acteur X à celui du cinéma dit classique. Le film se découpe alors en séquence, avec pour principal thème, celui d’illustrer différents exemples où la notion d’acteur entre en ligne de compte. On le découvre sur un tournage de film porno, au sein d’une audition ou lors d’un court de théâtre. Le film est ainsi très peu découpé, et laisse de larges séquences pour s’exprimer. HPG se met alors à nu et filme ses propres interrogations sur un métier. Faut-il être pour pouvoir jouer ? Faut-il être prostitué et drogué pour pouvoir jouer un prostitué et un drogué ? Qu’est ce qui caractérise l’acte de jouer ? Qu’est ce que jouer ? Au sein de séquences frisant parfois le burlesque, le réalisateur pose des questions justes et pertinentes et ne lancent que des embryons de réponses. Il évite soigneusement tout didactisme, pour rester dans le domaine de l’interrogation. Toutes ses questions ont bien évidemment été déjà posées, mais l’acteur nourri ces propres questions de tout son être, ce qui le caractérise. Cette recherche de la modération, lui qui est constamment dans l’excès. La prise de conscience contre la réaction. Le porno contre le classique.

Autour de ce thème riche, il compulse également l’histoire et le fonctionnement de son propre couple. En partageant l’affiche avec sa compagne, il inclut également une autocritique de son attitude au sein de sa relation avec LZA. Les scènes sont d’une telle impudeur qu’elles en deviennent plus touchantes. Les dialogues (écrits ou improvisés ?) récités avec une justesse effarante ne sonnent que plus vrais. On dépasse le cadre du film et de l’illustration, pour s’approcher d’une vérité qui transparaît derrière l’image. Et on peut également retrouver les conséquences de son métier sur son couple. HPG se retrouve parfois le dos au mur, devant les reproches construits d’une LZA en larmes, et le spectateur au bord.

Le premier film de HPG est une magnifique expérience. Autoréflexion, autoportrait, où l’acteur se met constamment à nue et en pâture au public dans un écrin pas toujours facilement abordable, qui demande de l’effort, de la compréhension et quelque fois une certaine compassion. Parce qu’il y a l’homme derrière cet acteur bouillonnant, un être en pleine interrogation derrière ce clown fou furieux. HPG crie, hurle pour masquer une vulnérabilité. Lorsqu’il est face à LZA, on retrouve l’homme tout petit, chétif. C’est dans ces moments là que l’on perçoit tout le travail d’équilibriste que représente le film, où cette soudaine confrontation du quotidien privé se retrouve sur un écran de cinéma devant des spectateurs attentifs et scrutateurs. On est un peu voyeuriste malgré nous devant On ne devrait pas exister…

Publié dans Cinéma

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